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2023-11: Warosu is now out of extended maintenance.

/lit/ - Literature


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4366591 No.4366591[DELETED]  [Reply] [Original]

Come on guys, let's see if we can make this work.
I'll start:

Il s’écrase lourdement, le poids de l’alcool dans ses joues plates, si rouges qu’elles coulent sur le lit. Dans le prolongement du corps en croix, moite, le drap blanc à son tour glisse sur la moquette.
Berkeley, de nouveau, la conclusion du grand voyage.
Dans son lit, les pieds chaussés, jeans sombre veinant les cuisses (fermes), le relief des muscles, le genou, puis l’aine. Dos grand offert (je devine les omoplates), le buste qui rejoint la courbe du lit, une barque offerte au navigateur. Les doigts sur sa peau mouvante, on arrivait toujours à une seule destination : sa gorge.
Puis le visage, enfin le visage. Majesté dans sa moue rebelle, volutes d’or et sourcils froissés. Vingt-et-un mais aussi beau qu’un garçon de quinze. Un filet de bave à travers sa barbe, subtile et luminescent, bleu vodka… Animal, je continuerais ainsi à te nommer, je continuerais jusqu’au bout, mais à quoi bon ?
La maison n’a pourtant pas changé, elle est dans l’état où on l’a laissée, en septembre. Ce débris, le seul témoin de nos déboires passés, la vie lourde de débauches et de regrets, ce qu’on croyait pouvoir quitter en mettant le verrou sous la porte, « plus personne ne le saura » et « notre vie va changer ». Dans la chambre : lit sans sommier, armoire sans porte, table de chevet bancale, fenêtre au ciel violet et les quatre heures qui donnent sur l’aube sale, bientôt. Un clic clac en biais et deux livres sur le point de tomber, figés. Une lenteur, des choses qui refusent de bouger, un pendule qui peine à basculer.

Nous sommes partis pendant six mois, deux saisons, l’automne et l’hiver et leurs jours si longs. Nous avons traversé la Californie, voyagé au Sud et à l’Ouest, non pas en quête d’une sagesse orientale comme le firent tant d’autres âmes, mais pour une idée bien plus insensée et désespérante. Ces lacs que nous avons franchis vastes comme des océans, ces continents de terre larges, entre les hameaux de déserts humains, les cimes de solitude, de forêts de pins vertes aux broussailles noires et bleues charbonnées, ces plages sombres d’huiles et de crustacées, ces villes espagnoles américaines…
Nous avons entendu la promesse et nous l’avons suivi. Nous avons tout fait, oui, nous étions grands ; superbes dans notre folie sans rédemption ; nous avons porté le jais du désespoir à son firmament, brûlé l’angoisse jusqu’à la brillance, à dissoudre l’extrême et l’excès en une bouffée fumante. Expiré : nous avons avalé et recraché la vie. Nous y sommes arrivés, au bout. Et naturellement : voilà la chute.

>> No.4366598

Wow Gallimard is like a mix of Gainsbourg and Putin.

>> No.4366602

Ce matin les ciels emblanchirent les prés
Parant de couronnes de givre et de lumière
Les bourgeois, les valets, ces petits empourprés
Couvant dans la noirceur leurs palais de chimères .


Le frimas recouvrit les fronts tantôt laurés ;
Les lèvres bleuirent, soudain se figèrent
Et retentirent au loin les cris sourds de Borée
Moquant de ses voiles les princes des congères .


Le soleil scintillait, scintillait blanc sur blanc ;
Des pas se recouvraient sur les trottoirs laiteux
Sous le jour m'éloignais, me trainant à pas lents;


Les nuages voguaient en panaches clarteux;
Je m'arrête un instant dans la buée limpide
Rêvant le froid bleuté, rêvant le froid torpide.

>> No.4366604

>>4366598
camus is a qt3.14 for sure

I remember your writings from last thread months ago, the blazé sex scene, anything else to share, Tallis?

>> No.4366613
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4366613

>>4366602
My teacher would scold us to death whenever we tried to write in alexandrin

Pourquoi la forme du sonnet? pour l'ironie? je la trouve pas assez présente dans les deux premiers quatrains; enfin elle est présente, mais elle est dite plus qu'elle n'est mise en scène - j'aime beaucoup les tercets ceci dit; c'est beaucoup plus réussi sans la tentative d'ironie.

>> No.4366614

>>4366591
>si longs
Le "si" dans ce style donne un air un peu romantique, assez lourd.

>non pas en quête d’une sagesse orientale
Le non pas en me semble un peu long pour rien.

> firent tant d’autres âmes
Ils avaient pas de corps?

>insensée et désespérante
Du calme, Kerouac.

>vastes comme des océans
J'en doute.

>le jais du désespoir à son firmament, brûlé l’angoisse jusqu’à la brillance, à dissoudre l’extrême et l’excès en une bouffée fumante
Alfred de Musset disait qu'il se levait la nuit pour rayer la moitié des adjectifs dans les textes de George Sand. Vous manque que votre Alfred.

>subtile et luminescent, bleu vodka...
Sa barbe, ou la salive? Ah, et les points de suspension, c'est toujours un peu lourd.


Sinon, j'aime bien.

>> No.4366621

>>4366613
Le propos est contenu également dans la forme, et l'ironie est nécessaire, on n'échappe quand même pas à l'esprit de son temps.

D'ailleurs, on comprendra bien que la personne qui a écrit ça n'avait aucunement en tête, comme propos, une sorte de délire romantique: la chute contient le propos du poème, autant que la forme.

>>4366604
This scene was absolutely autobiographical, the girl was lying next to me as I wrote it. It wasn't worth shit, though.

>> No.4366646
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4366646

>>4366621
>une sorte de délire romantique: la chute contient le propos du poème, autant que la forme
Pourquoi pas? C'est pas romantique comme les excès du 19ème, mais ça reste très sensuel, malgré l'ironie.
>on n'échappe quand même pas à l'esprit de son temps.
C'est pas pour ça qu'on écrit?

>>4366614
>Alfred de Musset disait qu'il se levait la nuit pour rayer la moitié des adjectifs dans les textes de George Sand. Vous manque que votre Alfred.
En effet, j'ai tendance à écrire un premier jet assez sommaire, puis y revenir incessamment pour gommer les choses étranges.

>Du calme, Kerouac.
C'est en réaction aux beats (partiellement) que j'ai voulu le texte et sa suite. Je voulais voir si on pouvait encore être sincère (et romantique) malgré l'esprit de son temps.

>> No.4366664

« » —

— Où est-ce qu'on s'assoit, tiens, là (désignant une table à l'ombre), et il faut demander un cendrier. En fait, tiens, non, excusez-moi, vous l'utilisez? merci,

Il est tôt, étonnement tôt, levés uniquement pour ce restaurant, sorte de terrasse intérieure, pour y peut-être passer la journée.

La serveuse; du noir courbé, surmonté d'un haut rose, de cheveux blonds; je me penche en avant, posant mon briquet sur la table, exhalant un peu de fumée et laisse la cigarette reposer bancale sur le cendrier, me retourne et elle: un café pour commencer?

— Cognac pour moi; elle me sourit, et Julien devant moi lève les yeux vers elle contenu:
— Qu'est-ce que vous avez de moins cher?
Elle sourit encore, émet un petit rire: un croissant.
— Ah, un croissant, alors.
— C'est là qu'on reconnaît les grands de ce monde: le manque de dignité alimentaire. Et tu prévois mourir de soif aujourd'hui?
— Un martini, un martini, oui – il soupire.
— Bon, moi aussi, alors, un martini aussi.

Nous blaguons encore quelques instants avec elle, puis elle s'éloigne, s'arrêtant à la table d'un couple d'une trentaine d'années, ils semblent relativement beaux.

Une famille d'américains enculés de touristes se pointe et s'assoit à environ deux tables de la nôtre: ils semblent tarés à point: le père a sa bourse à la ceinture, des lunettes de soleil, en plastique bleu; la femme est grosse (mais pas trop tout de même — on ne fait pas dans le cliché) et le fils a une réelle tête de con. En fait, ils sont mal habillés — ils me semblent que fus-je touriste je souhaiterais que mon homeland semblasse autre qu'un ramassis chienlit débraillée de gens en loques. Mais il y a leur fille, une rousse, jolie, une quinzaine d'années, qui sauve la face, qui sauve la crédibilité de leur Amérique, parce qu'elle est très belle, et qu'elle me fait penser à celle de Charlie Brown — cette fille, c'est de l'art; elle me renvoie mieux que Madeleine qu'avant j'aimais à mes nuits passées sous les draps à lire ces comics de Charlie Brown — elle est génialement fraîche et semble candide, elle rit un peu, sans l'accent nasillard absolument écœurant qu'ont certaines jeunes filles américaines, elle me fait aussi songer à une autre fille qui est rousse aussi, et je la dévisage depuis déjà un moment, admiratif.

Julien lui aussi perdu dans ses pensées, je me mis à fantasmer vaguement sur la petite rousse, à fantasmer sur elle et sur l'Amérique d'Après-guerre: je nous vois en 1955 dans une banlieue d'une ville pas trop grande, et ma mère porte de ces robes probablement rouges qui descendent sous les genoux, mon père en costard l'embrasse café à la main, avant de partir image d'Épinal au travail; je me vois en sportif dans une highschool, et parfois mes amis et moi buvons quelques bières que notre oncle nous achète lorsque nous écoutons le baseball avec lui. Elle, c'est mon amie d'enfance. [cont]

>> No.4366673
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4366673

Le dernier espoir. Il avait tout essayé, absolument tout : herbes chinoises, baumes celtes, les secrets des Inuits ; le chamanisme aussi, dans le cœur des ténèbres, parmi les têtes réduites il avait marché pour une pincée de poudre, un souffle de cette magie sombre. Animisme, alchimie, les Dieux primordiaux… Il s’était même abaissé à l’Occident, à goûter à la potion des incroyants, la crasse chimie : C, H, MD, METH, DMT…

Il avait trouvé cette recette dans un livre obscur. Il n’était pas surpris, il avait déjà eu à confectionner des aliments de ce genre. Se tint devant lui un gâteau, dodu et légèrement doré, de la taille d’un pouce. En respectant à la lettre la recette, il en plaça un bout sur une cuillerée de whiskey, attendit qu’elle s’imbibe de la substance brune, et l’avala. Il ne fit pas attention au goût ni à la texture, voilà déjà longtemps qu’il avait renoncé à ces choses.

Première gorgée engloutie : des mots assénèrent son esprit.
Je me souviens de la maison de campagne
Je me souviens des poissons exotiques
Je me souviens de cet aquarium aux néons arc-en-ciel
Je me souviens de mes parents

Vite, une seconde dose, une millième dose : son âme pour une once de souvenir !
Mes parents avaient toujours peur que je devienne mauvais
Une voyante leur avait dit que je serai un génie – du bien ou du mal
Ma mère était croyante, mon père se moquait de ma mère
Ma mère avait un sourire
Ma mère avait un sourire

Sur le sourire froid l’effet du philtre s’évanouit. Il se rua sur le bol qui contenait la pâte à madeleines, la bouteille à la main, versa comme un enragé la liqueur dans la mixture, sur ses mains, son torse, ses cheveux. Puis, les griffes dans les racines de cette boue, il dévora cru le matériau de sa folie.
Le sourire de Maman signifiait
Les rides sur le front de Maman que je parcourais avec mes doigts
(te souviens-tu du toucher de sa peau fripée ?)
Les cheveux de Maman noir de jais, je la voyais s’enlever les cheveux blancs, un par un, seule dans la salle de bain
(te souviens-tu de cette vision, de cette blessure au cœur ?)
La voix de Maman, elle est sonore dans mon esprit comme on le dit dans un poème
(mais te souviens-tu de cette femme inconnue, du timbre de sa voix ?)
Te souviens-tu de tes parents ? Te souviens-tu d’autres choses que de ces souvenirs fades, sans saveur ? Te souviens-tu de la chaleur de son étreinte—sais-tu encore qu’elle fut jadis une humaine, une vivante ?

NON—je ne m’en souviens pas.

Non, il est impossible de savoir. Chaleur, goût, nuances : douceurs absentes. Cette recette, la plus divine de toutes, échoua une fois de plus, sans déroger à la règle. Il est impossible de savoir. Il est impossible de trouver une quelconque humanité dans les éclats de mémoire. Le souvenir est un cadavre, les mots un cimetière.

Aujourd’hui, Maman est morte. Elle ne reviendra plus jamais.

>> No.4366678

>>4366664
il semblerait qu'on ne soit que deux, idée foireuse de poster de thread à deux heures du matin aussi
- tu fais beaucoup dans la posture du mec blasé post-houellebecq; je suis curieux, c'est pas lourd (pour toi) à force?

>> No.4366684

Je me souviens, souvenir confus, une soirée avec elle au parc d'attractions, sous le ciel bleunoir damasquiné à cheval sur les forains, les bruits, les cris, les lumières autour de nous et l'odeur du popcorn et aussi celle de l'huile, l'huile et les grincements des roues des manèges sur leurs rails de métal — elle se tient proche de moi et je crois que j'ai senti son sein sur mon bras, en marchant. Je me souviens d'une fois où elle posa sa tête sur mon épaule pour clore un instant ses yeux fatigue je me souviens l'avoir embrassée, tenue dans mes bras; son souffle sur mon cou et ses seins pressés sur mon torse. Et là fantasme plus abstrait, je nous vois mariés, une image en particulier, que je me suis toujours fait de cette Amérique là: c'est un dimanche après-midi, nous sommes tous deux assis sur notre galerie, il fait beau, il vente à peine et aussi ses cheveux dansent un peu dans la brise — la radio joue du Buddy Holly ou du Elvis je ne sais pas, nous buvons du Coca-Cola dans des bouteilles de vitre, et puis saluons nos voisins qui devant nous passent lentement en voiture.

— Amérique, Amérique, que t'est-il arrivé? Regarde la rousse.

Et Julien se retourne, puis plein de gravité se retourne vers moi:

« Il pleuvait, et là il prend un mauvais virage, du coup la voiture se retrouve prise dans la boue, elle est remorquée par une fermier, tu te souviens de la scène? alors il voit au loin une fille et Dean tremble de peur, parce qu'il sait qu'il aurait pu faire absolument n'importe quoi pour elle. »

— Et il nous parla de l'Amérique des années 90, quand vous pouviez acheter de la morphine en vente libre dans une pharmacie.
— Amen.
— Et tandis que le soleil descend sur l'Amérique, je songe au docteur Moriarty, vous m'entendez, Watson?
— Hosanna, hosanna !

Julien applaudit un instant, en transe religieuse, et je poursuis:

« Tu vois, c'est exactement ça, la question américaine: comment est-ce qu'un pays où furent vus brûlés par la folie les plus grands esprits d'une génération peut-il également produire ça (j'englobe d'un geste large la famille de touristes), ainsi que cette rousse?

Et c'est justement la beauté de l'Amérique qui se tient là; la lumière de ma vie, trônant aux côtés de la vraie laideur, de l'apostat élevé au rang de Dieu sur son char de soleil, idole de divine majesté. »

— Le soleil se couche jamais sur l'Amérique.

« High in the midst, exalted as a god
Th'apostate in his sun-bright chariot sate
Idol of majesty divine, enclos'd. », je dis avec un faux air de grandiose.

— Félicitations.
— Lâche moi, je suis enfant unique.

>> No.4366687

>>4366678
Attends, non, je fais pas le blasé, regarde la suite.

>> No.4366692

>>4366687
idd, je retire ce que j'ai dit; ça partait mal mais j'aime beaucoup la deuxième partie; par contre
>« Tu vois, c'est exactement ça, la question américaine: comment est-ce qu'un pays où furent vus brûlés par la folie les plus grands esprits d'une génération peut-il également produire ça (j'englobe d'un geste large la famille de touristes), ainsi que cette rousse?
ça fait un peu artificiel comme dialogue, surtout très difficile à lire "un pays où furent vu brûlés par la folie les plus grands esprits", c'est pas oral du tout, enfin je crois.
Joli la sensation du sein sur le bras, c'est ça qui m'a marqué dans le texte (je suis plus réservé sur ce que t'as à dire sur l'amérique, mais on s'en fout on n'est pas là pour des idées)

>> No.4366696

>>4366692
En vrai, quand je mettrais des guillemets à des dialogues, c'est à dire que j'y pense avant, je parle vraiment comme ça.

C'est pour ça aussi qu'il n'y a pas de tiret, pour montrer que la réplique est plus songée, plus longue, que c'est plus du dialogue.

>> No.4366699

>>4366696
j'ai bien compris mais alors il doit être vachement casse-couilles de te parler dans la vraie vie

blague à part, ouais, ça cultive un style.

>> No.4366703

>>4366699
Bah, je fais ça quand je connais mon audience et que c'est des gens qui le feraient aussi.

>> No.4366704

Posting in other languages than American is only allowed on /int/.

Fair warning.

>> No.4366706

>>4366704
leld

>> No.4366709

>>4366703
donc t'as un cercle de poètes maudits et ensemble vous parlez de bleunoir et de mordoré?

>> No.4366713

>>4366709
>un cercle
J'en connais deux, et on se prive pas, côté déstructuration de la syntaxe, jeux de mots, citations et références, à l'oral.

D'ailleurs ce texte est réellement chargé de références, c'est un de mes petits plaisirs.

>> No.4366739

>>4366713
T'as qu'à venir à Paris, tu rencontreras ce genre de personne à la pelle.

>> No.4366746

>>4366739
Bof, j'en rencontre régulièrement mais ils sont cons, c'est qu'une rhétorique apprise comme une autre, pour eux. La dernière fois je leur ai sorti ma bite devant un bar et j'en ai frappé un.

>> No.4366753

>>4366746
Ah, c'est un peu pareil partout. C'est pour ça que j'ai arrêté de parler d'art quand je suis dans la société; c'est juste mille fois plus gratifiant de se bourrer la gueule et pisser ensemble que de parler des choses qui te tiennent à coeur mais avec des faux-culs.

>> No.4366756

La philosophie, pensai-je, est vraiment la discipline reine. On ne la conçoit souvent que comme la tentative de donner, par des détours de pensée compliqués ou incongrus, des réponses relatives à des questions alambiquées. La variété des thèses et systèmes, la complexité de certains termes, aident à cette impression, fausse. L'on ne réalise pas à quel point la philosophie est décisive. L'on croit pouvoir s'en passer, la laisser aux philosophes, si ça leur plaît, mieux vaut s'assurer de gagner d'abord son pain, d'étudier, de faire vivre sa famille, et d'être moral dans l'acceptation globale et floue que notre société chrétienne donne à ce terme. On vivra bien assez bien. Pendant notre vieillesse, éventuellement, l'on pourra réfléchir à toutes ces matières de l'existence, de l'essence, de la nature, des idées. On publiera, peut-être.

C'est un tort, pensai-je. C'est l'inverse qui devrait être fait. Même sans se consacrer à la question du rapport de l'Homme à l'art, ou à la question, capitale pourtant, de l'existence ou non de Dieu, il vaut dans l'optique de sa vie déterminer le moyen d'être le meilleur possible, c'est-à-dire à la fois d'être heureux, de rendre heureux nos pairs, et d'être utile à la société, à la civilisation, à l'Histoire et à l'humanité. Les vertiges dont on peut alors se sentir pris sont bien vite étouffés lorsqu'on les ramène à notre situation immédiate.

Ce méditant, je songeai à ma propre situation. J'étudiais les lettres au lycée. Il fallait que je lusse des ouvrages, que je fisse de temps à autre des devoirs, que je me cultivasse tant en matière d'auteur que de paracritique, qu'enfin je fusse le meilleur possible pour exceller dans ma discipline, et ainsi passasse les futurs concours avec succès. Et soudain, je relativisai. Eussé-je l'ENS, devinssé-je agrégé, connussé-je sur le bout des doigts tous les livres qui furent et sont, de quelle utilité serais-je? Que me servira ma connaissance? Par la publication d'ouvrages critiques, améliorerai-je la condition de mes semblables? Ne nous méprenons pas, je parle ici de l'élévation du genre humain, pas d'hypothétiques et illusoires "luttes contre les inégalités" et autres lieux communs à jamais insolubles. Et si je voulais écrire encor, il me faudrait avant que de débuter une intense réflexion sur la substance de mon ouvrage, de manière à le tailler de façon à ce qu'il produise tout l'effet souhaité, ce dernier résultant lui-même d'une maturation intellectuelle issue de la pratique de la philosophie.

Mais le domaine des lettres est-il lui-même celui dans lequel il faille évoluer? Assurément la philosophie est bien plus capitale pour l'esprit humain. Mais la sociologie, ou la politique permettraient de mettre en œuvre les produits de la philosophie, idéaux, au sein de la société, que la lecture de Platon ou de Descartes ne fascine, à tort, guère.

>> No.4366766

>>4366753
>mille fois plus gratifiant de se bourrer la gueule et pisser ensemble
Oh oui.


Un de mes plaisirs, c'est de commencer à parler avec ces gens, approuver leurs conneries apprises, puis me mettre à me contredire violemment, en parlant trop fort.

J'ai fait ça, il y a deux semaines, en fumant à l'intérieur d'un bar, avant de casser leurs verres sur la table et de leur expliquer que le SIDA c'était pas si mal, puisque ça tuait principalement des homos et des noirs. Aurait fallu voir leurs gueules, c'était absolument génial.

Ils m'ont foutu dehors, par exemple.

>> No.4366772

>>4366756
usage abusif de l'imparfait du subjonctif mon gros, un ou deux c'est mignon, mais en faire une perle qui traine ça détruit juste le langage

>l'élévation du genre humain
c'est un leurre, ce sujet n'existe plus en philosophie depuis 200 ans, depuis Rousseau.
>pas d'hypothétiques et illusoires "luttes contre les inégalités"
C'est pourtant un lieu commun de s'en prendre aux philosophies plus sociales et empiristes sans voir le rapport métaphysique sous-jacent
>Et si je voulais écrire encor
-écrire encore au 21ème siècle-

>Et si je voulais écrire encor, il me faudrait avant que de débuter une intense réflexion sur la substance de mon ouvrage, de manière à le tailler de façon à ce qu'il produise tout l'effet souhaité, ce dernier résultant lui-même d'une maturation intellectuelle issue de la pratique de la philosophie.
As-tu déjà lu du Montaigne?

>> No.4366773

>>4366756
Non, la philosophie est une rhétorique soit nihiliste soit axiomatique. La philosophie, c'est de la mauvaise poésie.

Et, question poètes, je préfère Novalis à Hegel.

>> No.4366780

>>4366756
Merde t'as vraiment utilisé "encor" dans de la prose? La seule utilité de ce terme est rythmique.

>Quand encor vivrais-je de plaisirs et de vaux
>Ne serais-je alors que déchéant et vain:
>Que ne fut éternel, ce qui antan advint !

>> No.4366781

>>4366766
J'étais dans un "apéritif dinatoire" (on appelle ça comme ça, chez les cosmopolites...) et un mec, ancien comédien et présentement étudiant en droit, se mit à me parler de "l'influence de la diaspora juive sur l'oeuvre de Platon".

>> No.4366786

>>4366781
Merde, j'ai craché ma bière sur mon lit, je blague pas. Dans ce cas tu fais un truc violent, ou tu montres ta queue/ton cul.

>> No.4366791

>>4366756
Faudrait vraiment que tu lises un peu de philo, sérieux.

>> No.4366797

>>4366781
L'avantage de se tenir avec des gens pauvres, c'est qu'on fréquente personne qui étudie en droit (en fait oui, un, je lui ai craché dessus là dernière fois que je l'ai vu) et personne qui puisse nous faire chier avec ce genre de conneries.

>> No.4366799

>>4366786
>boire de la bière et pas du vin rouge
et ça se prétend François

Non mais je suis beaucoup plus mièvre comme mec, donc j'ai souri et me suis marré. Mon amie lui a fait des remarques très sanglantes et il a quitté la soirée, vexé.

>> No.4366806

>>4366799
>Dussé-je être François je vous dirais que cela me poise
>Je me pendrais au bout d'une corde d'une toise
>Mon col saurait combien mon cul poise

>> No.4366807

>>4366797
tallis pls
entre le phd en poésie aux states et le droit des affaires à paris j'ai choisi le second ;-;

>> No.4366812

>>4366807
Arts et lettres masterrace au rapport.

>> No.4366819

>>4366772
Cher monsieur (je ne crois pas que nous nous connaissions), j'écris ce qu'il me plaît, comme il me plaît et en adaptant le point de vue qui me plaît. Je ne suis pas le sujet narrateur de cette histoire, saurez-vous. J'ai souhaité écrire cela, ici, parce que le fil m'y invitait et que je ne m'attendais pas à recevoir du "mon gros" en retour, vos messages précédents paraissant plus distingués. C'est mon premier passage ici, j'entends ne pas me contraindre à vos impératifs arbitraires.

>>4366773
C'est votre opinion et je la respecte.

>>4366780
Licence stylistique que je me permets.

>>4366791
Cf. >>4366772

>> No.4366821

>>4366812
futur millionnaire checking in
j'ai bien réfléchi, ça se justifie très bien, artistiquement. je fais pareil que rimbaud sauf que je saute la première étape, je commence par la saison en enfer... pas vrai?

>> No.4366822

i wish i could read french

>> No.4366826

>>4366819
>Cher monsieur (je ne crois pas que nous nous connaissions), j'écris ce qu'il me plaît, comme il me plaît et en adaptant le point de vue qui me plaît. Je ne suis pas le sujet narrateur de cette histoire, saurez-vous. J'ai souhaité écrire cela, ici, parce que le fil m'y invitait et que je ne m'attendais pas à recevoir du "mon gros" en retour, vos messages précédents paraissant plus distingués. C'est mon premier passage ici, j'entends ne pas me contraindre à vos impératifs arbitraires.
Il t'arrive d'écouter du Lully?

>> No.4366829

>>4366821
Moi, je te conseille de commencer par les illuminations.

>> No.4366831

>>4366819
Non, mais compte tenu de la maturité (puérilité) de ta réflexion, et parce qu'on est sur 4chan, je me permets de tutoyer le monde, est-ce si choquant?
Je serais curieux de savoir ton âge, si toutefois ça ne te paraît pas être un "impératif arbitraire" de plus.

>> No.4366834

>>4366826
>je me masturbe régulièrement en écoutant du Brahms

>Est-ce que vous aimez Brahms
>Comme tout le monde, pas du tout.
>Chopin?
>Dégueulasse.

>> No.4366837
File: 6 KB, 193x262, swellmuelbeckett.jpg [View same] [iqdb] [saucenao] [google]
4366837

>>4366829
DONE AND DONE

pour qui tu me prends, à paris on a même un mur avec le bateau ivre gravé dessus, HEHEHE

>> No.4366841

>>4366819
Chéri, tous les impératifs catégoriques sont arbitraires.


hahah putain je me trouve drôle

>> No.4366844

>>4366841
b-but, kant said otherwise ;-;

>>4366822
it's never too late bro

>> No.4366845

>>4366837
J'ai un tableau de Ingres dans mes chiottes et je m'en vante pas, moi.

>> No.4366847

>>4366844
i am learning but its really slow

>> No.4366850

>>4366844
>Kant's view on morals
>not arbitrary delusional bullshit which could be used by faggots like Hegel to justify anything


>Avec sa morale, Kant a toujours les mains propres; il n'en a pas.

>> No.4366851

>>4366845
je fais avec le peu que j'ai :(

t'es bien de montréal toi non? tu vas faire quoi dans ta vie mon gros

>> No.4366855

>>4366851
Je prévoyais boire, lire, écrire et trainer avec des filles.

>> No.4366858

>>4366850
>quoting Péguy
ça va, c'est facile, on le fait même au lycée
mais la morale kantienne reste très belle. elle n'a aucune portée morale, mais au niveau de l'éthique personnelle, presque esthétique, j'aime beaucoup.

>> No.4366862

>>4366826
Oui

>>4366831
21 ans, et cette réflexion, si vous savez lire, n'est pas la mienne. Je ne suis pas versé en philosophie, en revanche j'aime bien écrire, et ce fil m'a paru un endroit adéquat pour le faire. Le sujet, du reste, m'importait peu, mais je vous remercie de manifester aussi franchement votre réaction, elle m'est pour mûrir d'un grand secours.

>> No.4366874

>>4366858
Ouais, ouais, ouais.

Je voulais juste te prévenir que je suis réellement en train de me masturber avec les fondements de la M des M, enroulé autour de ma bite.

Mais ça va, la masturbation est pour moi placée comme impératif catégorique.

>il faut en effet que la raison pratique (la volonté) ne se borne pas à administrer un intérêt étranger, mais qu'elle manifeste uniquement sa propre autorité impérative, comme législation suprême

Et, d'ailleurs, j'en ai même pas envie.

>> No.4366875

>>4366862
Quoi, tu proposes un texte sous la forme d'un essai, pour finalement te rétracter et dire "non mais je prenais le point de vue de quelqu'un d'autre"? C'est pas comme ça que ça marche, il n'y a aucun élément qui pourrait faire croire à la fiction --et quand bien même s'agissait-il d'une fiction, l'écriture est toujours liée au monde de l'écrivain, on n'a jamais tout à fait les mains propres.

Tu aurais pu répondre à mes objections en proposant ton point de vue sur la question, si tu voulais défendre l'idée que tu étais détaché du texte, mais ça non plus tu ne l'as pas fait.

>> No.4366872
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4366872

Horizon

O plane méditerrannée,
eau médiane méditée,
rides longitudes amarrée,
ondes sur la mare allongée.

Marée, cage lunaire, pourquoi t'enfuis tu,
la nuit, sous l'oeil centenaire de la tortue,
ainsi se languit la carapace lagunaire,
de l'écume, lame émoussée, parfumant l'air.

Sémaphore, ma foi, éclaire l'homme encor,
comme une goutte d'or dans mon âme obscurcie,
sertissant la voute d'obsidienne durcie.

L'horizon me garde.

>> No.4366880

>>4366862
>fil
>pour mûrir d'un grand secours

Français, pas ta langue maternelle, non?

>> No.4366882

>>4366874
Tu me fais penser à un pote, le côté sauvageon esthète qui crache sur toute pensée et toute philosophie. Spécimen rare.

>> No.4366884

>>4366872
good job, la première strophe est impressionnante. j'aime ce jeu avec la langue.

>> No.4366885

>>4366882
Moi, je crache pas sur la bonne poésie. C'est le seul truc, mais j'y crois pas. J'aime pas trop croire, même si j'ai longuement essayé. Tu y croirais pas: j'ai déjà cru (deux mois) à Heidegger.

>> No.4366896

>>4366862
>il écoute du Lully

>>>/http://www.democratie-royale.org/article-vive-louis-xx-le-legitime-roi-de-france-84910639.html/

>> No.4366898
File: 6 KB, 206x244, paintedsamuel.jpg [View same] [iqdb] [saucenao] [google]
4366898

>>4366885
pas ma tasse de thé heidegger; en revanche BERGSON gros, BERGSON. c'est la quintessence de l'art moderniste, tout le trip d'Eliot et de Proust, en passant par Beckett, tout y est.
1. Le ciel vous appartient mettez-y un prix disent-ils ces imbéciles le ciel vous appartient mon cul encore trois minutes et le troupeau dans mon beau vaisseau c’est comme si je leur disais aux moutons le gazon vous appartient ça ne veut rien dire le ciel il m’appartient moi brave panurge gentil jésus allez-y affluez nombreux chacun aura sa place les derniers comme les premiers mais quand même tout le monde y presse et on se serre on se bouscule on se bave dessus et en passant puisque que vous y êtes ne vous retenez pas versez votre poison sur ceux en première classe ceux qui ont payé le coussin prolétaires que vous êtes ce n’est pas bien grave mes mignonnes vous aimerons quand même elles sont payées pour ça ça et vous dire bonjour guten tag how do you do la vida es un sueno mais au fond elles ne vous aiment pas c’est moi leur bourru des cœurs en parlant d’anatomie y’en a une qui traverse la portière je la sens pas voilà qu’elle est verte comme ève qu’elle souille pas plus mon beau vaisseau avec son ventre ventru celle là mes mignonnes où sont mes mignonnes volez donc vers votre capitaine volage donnez à la grosse ses calmants ou on va nous faire une scène de ménage du xanax vous avez du xanax mes derniers ont saupoudré le steak frites pour voir davantage de couleurs dans la vie je me demande quel goût a le ciel au ralenti est-ce qu’il est sucré abruti ou bien fade jour comme les nuages fade air france le ciel vous appartient mettez-y un prix crucifiez-le toujours.

>> No.4366900

>>4366875
Je ne prends pas le "point de vue de quelqu'un d'autre", je prends un point de vue artificiel. Si vous voulez savoir (mais ce n'est pas, je crois, le sujet du fil), je serais plutôt un mélange des deux points de vue exprimés, à savoir l'ignorance sceptique et l'admiration réflexive. Après, pour ce qui est des sujets que touche la philosophie, je m'en accommode de chacun à ma manière, et sans recourir à une longue réflexion, de manière plus intuitive si vous voulez.

Pour ce qui est de la fiction, je croyais que l'usage du passé simple me distanciait suffisamment de la réalité, il semble que ça n'ait pas suffi.

Je me moque bien, du reste, de ce que vous pensez, hein.

>> No.4366904

>>4366900
Tu tournes le dos à la réalité; la réalité t'encule.

>> No.4366905
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4366905

>>4366898
2. C’est la première et la dernière, se dit-elle en son for intérieur. Ecœurée et pourtant nulle colère en cette belle forteresse d’âme haineuse, plutôt une aura floue orange, la crinière de ce fils prodigue, le visage sanctifié par le temps. L’aura la forme divine dans son âme, rancœur préservée, elle maudit l’avion.
Qu’est-ce qu’elle croyait ? Qu’elle résisterait à la tentation de revoir son étranger ? Elle y a résisté pour mieux céder. Elle y a résisté en son âme rancunière cependant que ses grosses jambes franchissaient la portière. Loi de l’attraction. La main d’une mère sur la joue d’un fils.
Cela fait des ans ! Va-t-il me reconnaître, vais-je le reconnaître ? Pourquoi es-tu parti ? Pourquoi appelles-tu si rarement ?
La machine infernale vrombit et rappela la femme à sa raison, à sa fierté, et à sa nausée. La terre que son amour l’avait poussé à concéder son indignation reconquit aussitôt : elle pâlit. Elle se dit qu’elle est malade, que la mort est proche et qu’il me tuera. Poignards dans son ventre à la peau distendue. Mais je l’aime tant, suis-je présentable ?
Ô belle femme, tu seras toujours radieuse pour ton fils, lui ton nouveau-né de toujours. Je vois à travers ton ennui, je chéris ta superbe dignité. Et lui, ne t’en fais pas pour ton front vert et ta robe coquette sur lesquels vont bientôt se répandre ta sueur et tes vomissures, lui, ton fils de toujours, honorera également triste ta tête déconfite et ton cercueil modeste.


3. Il a raté l’avion. Il est contrarié, certes, mais nullement à cause du rendez-vous qu’il allait inévitablement manquer. La gloire attendra, ça lui est égal. D’ailleurs, en voyant l’avion s’envoler, il est presque soulagé de n’être pas monté dans cet engin laid et ithyphallique ; les hommes et leurs inventions sans ardeur. Il fouille un instant dans sa sacoche et attrape un stylo et un vieux calepin (les hommes et leur penchant atavique pour la mélancolie), gribouille quelques notes : « Ai raté l’avion. Sais maintenant ce que ça fait de rater l’avion. » comme s’il raillait des objets de sa liste des courses. Le ciel mis dans cette cage de verre a l’air étrangement triste, maintenant que l’avion s’est échappé. Le vide qu’a une femme après la naissance. Chaleur perdue et ancienne vigueur.
L’aéroport aussi se vide peu à peu. Il est contrarié. Plus personne dans sa vie, lui qui était si impatient de s’engouffrer dans ce vaisseau, si excité de côtoyer de nouvelles vies, lui qui frémissait de pincer de nouvelles cordes et de les entendre vibrer dans leur intimité. Vies rêvées, vies inconnues, séduisantes infinités. Tant pis, les moires n’ont en pas voulu de ce destin. Tant pis, direction hôtel, la solitude des rideaux tirés et l’infinité de la nuit sans texture. Bienvenue, autre Vie !

>> No.4366911

>>4366904
lol
y'a un photo de tallis qui circule? je te vois brun noir comme dans les films de godard

>>4366900
non, le passé simple a simplement alourdi toute ta prose, et rendu tes lecteurs acides.

>> No.4366912

>>4366898
>>4366905
Beckett est à Joyce ce que Tarkovsky est à Bergman :)

Non mais sans blague j'adore ce style et j'essaie de l'inclure aussi souvent que possible. Étonnant à quel point le refus de la ponctuation rend le texte léger, au lieu de l'alourdir. Et il le rend assez léger pour qu'on puisse tout se permettre. J'arrive juste à écrire comme Joyce en Anglais, pourtant; en Français je crois que le poids des maîtres m'en empêche.

>> No.4366915
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4366915

>>4366911

>> No.4366918

>>4366912
je n'ai aucune culture musicale classique, je ne sais pas ce que ça veut dire ;-;
mais si tu t'en prends à beckett ça va barder

oui pour le stream of consciousness. je connais une amie qui fait ça excellemment bien, moi je le fais la plupart du temps en anglais seulement... c'est plus difficile en Français, surtout que je n'aime pas trop le nouveau roman ni l'oulipo, et quand je le fais c'est comme si je perdais une partie de mon âme

>> No.4366922

>>4366915
CALLED IT
i'm so good

also qt3.14

>> No.4366923

>>4366918
Quoi, tu veux dire que t'as vu quelque chose à Hiroshima?

>> No.4366924
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4366924

>>4366884

Merci, je pense qu'effectivement les jeux de l'assonance et des sens similaires, tant sémantiques que sensitifs permettent de créer un élément d' équilibre perceptif de la synesthésie invitant à l'expérimentation sensible des idées.
Je pense reprendre cette première strophe afin de démarrer mon propos, et peut être l'étendre à des marées plus propices à l'amarrage d'idées plus horizontales, les images ancrées dans les strophes suivantes me semblant trop encore immergées dans une conception trop plate des plans de perception de l'horizon depuis les rivages immobiles.

>> No.4366927

>>4366904
Minable.

>>4366911
Si ce n'était que cela!
Me ferez-vous la grâce, juste avant le sommeil, de m'expliquer les mœurs de ce board? Son fonctionnement semble assez atypique.

>> No.4366936

>>4366927
>Minable.
Je peux t'enculer aussi, si la réalité c'est pas assez.

Le truc, c'est que ton bon ami Victor, en plus d'avoir fait que de la merde, eh ben il est crevé. Non seulement il est crevé, mais ça fait longtemps.

Non seulement ça, mais même les tarés après lui qui faisaient ce genre de conneries sont morts! Et depuis longtemps aussi! DUCASSE DUCASSE DUCASSE les oies ne sont pas philosophies mecs et les adolescents peuvent survivre à trois ongles plantés dans le torse oui tu vois mon ami, même Laurencin et ses amis ils sont tous morts sauf dans une chanson de Joe Dassin alors je te dis passe à un autre truc mec, enterre le Musset (non, même Musset faisait dans la retenue tout de même) en toi et enterre le vivant pendant qu'il est encore temps.

Lorenzo est un athée; il se moque de tout.

>> No.4366937

>>4366927
c'est déjà beaucoup que de rendre les lecteurs acides, je t'assure; tu diminues la grâce qu'ils t'accorderaient.

c'est une sorte d'égout de l'internet, tu es sur /lit/, et en général les gens sont préoccupés par le fait d'avoir raison, de te montrer qu'ils sont bien plus éduqués que toi, et que tu es minable, sans pour autant dire quoi que ce soit d'essentiel ni apporter quelque chose au débat.
Et sinon, pas de politesse, comme dirait tallis (je me permets d'inférer), c'est plutôt une affaire de mangeage de bites.

>> No.4366939
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4366939

>>4366872
Une autre composition de ma plume.

Où le temps est passé,
sur mes rivages ensoleillés,
en des mirages éveillés,
entrave sans trêve de la réalité,
plages engagées de l'adage,
côtes dénotées de mélodies transportées
vers la voûte bleutée, inspirées des doutes écaillés,
expirant des volutes de fumée, les flûtes enraillées dénotant les tons feutrés.
c'est une écume émoussée qui moissonne le sable, miroir d'étain de la lune en son sein,
qui des reflets d'argent emplit d'espoir trop noir le regard des marins.
Et les voilages vagabonds font escale au gré des vents, libres et insouciants.
Les prières aux bras de la mer ne s'envolent pas comme l'oiseau en quête d'un ciel d'azur,
mais plongent au milieu de la tempête, crever l'oeil du typhon.
Ohé, matelot, naviguant avec les flots, ne crains tu pas que de sanglots,
ta veuve engloutisse l'océan?
Ton âme perdue au fond de l'abysse, telle l'épave que personne n'habite,
errera sans répit en quête de l'oubli. Sur le récif, je chanterais tes louanges,
ta bravoure, ta force et les anges, porteront mes paroles jusqu'à ton rivage,
pour m'écouter chanter au creux du coquillage.
Et sur le sable, je pétrirais de millénaires mon regret, et
sous le soleil, je brûlerais de milles rayons passionnés ton souvenir,
puis je m'en irai dans le désert, pour mieux embrasser ma misère,
et nos âmes comme deux grains, éloignés par le vent, s'enracineront entre terre et océan.
Je mordrais ma passion comme en mordant dans le poisson,
et tu embrasseras le soleil comme un tourbillon de feu venu des hauteurs du temps.
Nos soupirs, portés par le vent, traverseront le ciel en volant,
vers les profondeurs courantes du néant,
et nos murmures embués de bulles éclateront à la surface du tourment,
pour sceller d'air notre serment. Et la lune, confidente de nos nuits d'amertumes,
nous baignera de sa promesse d'argent comme ses deux enfants.

>> No.4366940

>>4366924
la première strophe est très bien, reprends-la si tu veux mais je pense pas qu'il faille y incorporer plus "d'idées"
après la seconde me paraît plus molle, on perd un peu le souffle et forcément la cohérence des images; oui pour la tortue, mais je suis pas sûr pour le reste. et j'avais un problème avec "comme une goutte d'or dans mon âme obscurcie" mais en fait ça marche très bien, t'es tellement dans la musique que tu peux te permettre un cliché si énorme, peut-être revoir le dernier vers?

>>4366923
n...no
(but don't tell anyone)

>> No.4366941

>>4366939
>deux rimes pauvres de suite, avec au milieu deux rimes riches mais qui finissent toutes de la même façon
Très lourd.

>> No.4366955

>>4366940
>n...no
>(but don't tell anyone)
I shall Nevers tell anyone

>> No.4366963

>>4366955
tu m'as toujours pas expliqué ce que tu disais sur beckett mon amour du coup :(

>> No.4366964

>>4366937
Ah, très bien. Bon, n'étant pas plus éduqué qu'eux, je m'abstiendrai donc de relever leurs propos, ceci valant notamment pour l'énergumène ci-dessus, qui paraît pontifier dans cette attitude.

J'imagine que je vais continuer à lire, mais, pour être dans l'ambiance, sans intérêt. Ou peut-être écrirai-je, et partirai-je après, n'ayant pas grand-chose à cirer de la réception, et la chose ne semblant pas capitale.

Je ne remercie pas, on croirait que je te gobe les bourses.

>> No.4366965
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4366965

>>4366915
wish i was 14

>> No.4366969

>>4366963
Oh je disais qu'à chaque fois que j'entends un extrait de Beckett (parce que je l'ai jamais lu) j'ai l'impression de lire du saccharine Joyce.

>> No.4366971

>>4366964
tu peux participer à ce merveilleux thread aussi!

sinon ta remarque sur l'ens m'a intéressé. tu es à l'ens du coup? ou aspirant, préparateur?

>> No.4366972

>>4366964
Tu veux lire de la philo?

>> No.4366978

>>4366969
les deux n'ont pourtant pas grand chose à voir, stylistiquement
je trouve que l'esthétique de beckett se rapproche beaucoup plus d'un Eliot que de Joyce. beckett c'est plutôt l'autre facette, l'impuissance et la névrose érigées en hystérie.

>> No.4366979
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4366979

>>4366940
Je te remercie pour ces conseils avisés, je m'essayerais à la construction révisée des visualisations sonores que j'entends sensibiliser par une expression plus insufflée et inspirée. Je reverrais sans doute le dernier vers, aussi, peut être en remaniant à revers la diction, par une inversion des spatialités de l'horizon, présentant donc la lumière du phare, non comme point de focalisation, mais comme lieu d'abstraction de l'horizon, ou le regard se perd en quête d'une ponctuation.

>>4366941
Pourrais tu me préciser les vers auxquels tu t'en réfères pour qualifier ainsi ce récit?
Je n'ai qu'une éducation populaire en poésie, pour expliquer simplement ma curiosité envers une quelconque suite structurelle classique des rimes prolétaires et bourgeoises. Merci pour tes explications.

>> No.4366985

>>4366979
>Où le temps est passé,
>sur mes rivages ensoleillés,
>en des mirages éveillés,
>entrave sans trêve de la réalité,

>prolétaires et bourgeoises
Non, les rimes se sont toutes confondues comme spectatrices, lorsque les moyens de production se confondent dans la consommation; le mouvement autonome du non-vivant devient la représentation et la médiation des interactions sociales.

>> No.4366982

Non, j'ai sommeil. L'ENS, j'aimerais bien, j'imagine que ce serait un certain atout dans la pédanterie ambiante (bien qu'alors les autres sans doute s'ingénieraient à descendre cette école en flammes), et même dans l'absolu elle serait une excellente garantie pour un lancement dans l'existence. Je connais, cependant, une personne y étudiant.

>> No.4366989

>>4366972
Pourquoi pas.

>> No.4366990

>>4366978
Je te fais confiance, parce que j'ai de Beckett vraiment lu presqu'absolument rien; du genre la totalité de ce que j'ai lu de lui peut tenir sur une page A4.

>> No.4366991
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4366991

>>4366979
et moi qui reprochais à Tallis d'être pompeux dans ses écrits -mais ma parole, vous parlez tous comme ça dans la vraie vie?

plus prosaïquement: j'ai rien pigé de tes explications, de l'abstraction des phares et autre. le poème m'a parlé parce qu'il capturait avec efficacité un moment, une expérience sensuelle, à travers la musique qui rendait les images vivaces.
tu te focalises trop sur l'abstraction et des idées, alors que quand je te lis je ne lis pas ça, je lis quelque chose de plus vrai, de plus vital:
'We talk so abstractly about poetry because all of us are usually bad poets.' disait le père nietzsche

>> No.4366993

>>4366989
http://fuuka.warosu.org/lit/thread/S4358987#p4362514

>> No.4366995

>>4366982
je connais assez bien le milieu estudiantin des grandes écoles, pour y être. et vraiment la seule qui me tenterait, si je pouvais tout recommencer, serait l'ENS.

>>4366990
lis la trilogie d'abord (Molloy, Malone se meurt, L'Innommable), ça va te parler, y'a un côté trisomique comme ça.

>> No.4367001

>>4366991
>ma parole
>reproche à qui que ce soit d'être pompeux

>le père Nietzsche
frère*

Alle Menschen werden Brüder sein!

>> No.4367004

>>4366995
J'ai Malone se meurt à portée de main, je crois.

>> No.4367006

>>4367001
shhhhh, s'agit de masquer l'autisme et la condescendance derrière le franc-parler du terroir francilien

sinon, nietzsche, j'aime de moins en moins :(

>> No.4367010
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4367010

>>4366985
Si je comprends bien ton propos, pour reprendre les théories de l'interactionnisme symbolique, le moyen de production de l'aliénation mécanique du vivant serait donc l'objet de transfert symbolique psychanalytico-poétique qui fait lieu de médiation entre la passivité spectatrice de l'acteur, et l'émancipation active de la scène ? Si j'en crois cette hypothèse, je ferais donc ici preuve d'un simple effet de distanciation dans l'objectivation symbolique de ma subjectivité poétique.

>> No.4367011

>>4367006
>sinon, nietzsche, j'aime de moins en moins
Est-ce possible?

>> No.4367020

>>4367011
Ouais... je le regrette énormément, mais même Nietzsche ne fait rien pour me réconcilier à la philosophie. J'admirais (admire toujours) son esthétique, mais je le trouve de plus en plus trop belliqueux, incapable d'apprécier le beau par une certaine haine des autres, incapable d'être poète.

>>4367004
faut commencer par le premier, duh.

>> No.4367023

>>4367010
Non en fait tu râles de la merde, et tu comprends que dalle à "mon" propos parce que t'es borderline du style pseudo-dandy bourré de prétérit et de subjonctif plus-que-parfait; tu viens de me balancer un paquet de mot que tu serais bien emmerdé de définir et qui n'ont absolument rien à voir avec ce que j'ai dit.

>> No.4367027

>>4367020
Mais Nietzsche n'est pas philosophe, il veut surtout pas te réconcilier avec la philosophie !

Encule la philosophie !

Encule Hegel !

Vive

>> No.4367032

>>4367027
Moui, mais il ne me réconcilie pas avec l'existence non plus, comme le fait la litérature. Donc je me demande bien ce qu'il fait.
Dans le genre, l'angoisse d'un Pascal ou d'un Kierkegaard m'est bien plus chère.

>>4367010
wut

>> No.4367035

>>4367023
mots*

:(

>>4367032
>kierkegaard

Ah, oui. Ça fait longtemps. Je devrais m'y remettre. Mais moi je me ris des existentialistes et du concept d'existence, par exemple.

>> No.4367042

>>4367035
Je pige rien à l'existentialisme, mais de toute façon, je ne mets pas Kierkegaard & Camus dans ce panier.
Par existence j'entendais quelque chose de plus simple --le fait d'être là, sans avoir rien demandé à personne.

>> No.4367047
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4367047

>>4367023
Je trouve ta réponse déplacée, tes arguments ad hominem décrédibilisent toute tentative de compréhension rationnelle de ta pensée, et n'ont aucune valeur de justification d'un dissensus, s'il y en a eu un, lors de l'interprétation que j'ai proposé de ta réponse précédente.
Voilà pourquoi, je m'abstiendrais de discuter du contenu peu éloquent de ton commentaire, et considérerais cet échange comme conclu.

>> No.4367048

>>4367042
>être là

ou

d'Être-là

:)

/heidegger

>> No.4367053

>>4367048
fuck off
NO MORE DASEIN NO MORE

>> No.4367055

>>4367011
C'est facile de pas aimer Nietzsche, t'as juste à être jeune et réactionnaire.

>> No.4367056

>>4367047
putain les choses se passent t'entends négro ah ouais on éclate tes chevilles négro t'as vu mon uzi hen hen hen ah ouais pur produit israelo-palestinien t'entends négro mes nègres sont prêts pour la guerre c'est la cocaïno-rap musique, la nouvelle dépendance t'entends négro

>> No.4367061

>>4367055
C'est facile aimer Nietzsche, t'as juste à être jeune et réactionnaire.

>> No.4367067

>>4367061
Non essaye pas esti, Nietzsche c'est le prophète de la jeunesse millénaire.

>> No.4367071

>>4367067
C'est facile aimer Nietzsche, t'as juste à être vieux et conservateur.

>> No.4367079
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4367079

>>4367067
no

>>4367071
sur ce je vais me coucher tallis, partiel de droit dans 3 heures, à une autre fois brun aux cheveux noirs comme dans les films de godard

>> No.4367080

>>4367071
Attends t'as fait une faute d'orthographe, j'vais la corriger pour toi :
C'est facile aimer Nietzsche, t'as juste à être réactionnaire avec 100 ans de retard.

>> No.4367081

>>4367079
Bonne nuit.

>> No.4369244

>>4367081
bimo

>> No.4369336
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4369336

au hau hau
i am now ze france!